Paragon Lost

Alors que le projet de film Mass Effect continue de nager un peu dans le brouillard (jamais un bon signe quand on change de scénariste en cours de route, et pourquoi n'avoir pas fait appel à celui des jeux ?), le monde de l'animation nous a gratifié d'une production : Paragon Lost.
https://www.youtube.com/watch?v=XBSmYTatIZ4

Ladite animation pourra déjà en rebuter certains. On a tout a fait l'impression de se retrouver dans un dessin animé américan des années 90, en plus soigné (personnellement, cela m'a un peu rappelé Men in Black : the series).
Passé le choc du rendu des visages par rapport au jeu, quelle est donc l'utilité de Paragon Lost ? Pas particulièrement apte à faire découvrir l'univers de Mass Effect pour les néophytes, il devrait intéresser plus particulièrement ceux ayant joué au troisième opus de la saga.
La production se centre en effet sur le personnage de James Véga, lequel faisait censément office de Krogan humain pour pallier l'absence d'une de ces joyeuses brutes dans l'équipe.
A priori, on pourrait penser que c'est un choix étrange, car Véga n'a pas réellement la meilleure cote de popularité.
Personnage un peu plat, il faut aussi dire qu'il fait un peu intrus alors que le reste de l'équipe est composé de personnages avec lesquels nous sommes familiarisés depuis deux opus (mis à part IDA et Javik bien sûr, mais avoir l'IA du vaisseau comme compagnon ou un Prothéen, c'est quand même plus alléchant qu'un soldat hispanique brutal).
Mais justement, Paragon Lost est l'occasion, pour ceux que ça intéresse, de donner de la profondeurs à Véga.

On se souviendra que quand Shepard, son idole, le recrute sur Terre, James lui en veut une paille : il avait dû accomplir un énorme sacrifice pour obtenir des données contre les Récolteurs, données rapidement obsolètes puisque Shepard a déjà fait sa moisson d'informations de son côté, avant de faucher comme le blé la base des Récolteurs.
Ce film d'animation est donc la narration des évènements qui ont conduit à ce choix torturant encore Véga. Déjà, il se libère d'une contrainte : le suspens. On sait d'avance que son équipe va se faire décimer et le résultat de ses actions.
Bien sûr, l'intéressant, c'est de voir comment les choses se mettent en route...
Malheureusement, c'est là que le bât blesse. Non pas en termes de réalisation : le design respect l'univers de Mass Effect (bon, les Krogans ont une drôle de tête quand même), le doublage (anglais) est globalement bon, l'animation est correcte, on sent le souffle épique propre à la trilogie.
C'est bien vers la raison de l'évènement tragique que se situe le souci. En effet, l'attaque par les Récolteurs de la colonie dont Véga et son équipe se chargeaient de renforcer les défenses a été initiée...

Par un espion de Cerberus, qui aurait fait un deal avec les Récolteurs ! Je ne suis pas un templier du lore de Mass Effect, cependant, cela apparaît plutôt illogique. Déjà, les Récolteurs sont grands, ils n'ont pas besoin d'un péquenaud pour leur indiquer quelle colonie attaquer, leur armement supérieur balaye les défenses des petites installations qui sont leur proie préférée.
De deux, même si l'Homme Trouble est amateur de coups tordus, il n'aurait jamais autorisé un tel coup de poker- surtout avec Shepard déjà sur la brèche avec une équipe d'élite !
C'est d'autant plus dommage que cela intervient vers la fin et que le reste était cohérent. Malheureusement, ça ne s'arrête pas là : les fondements même du choix de Véga sont plombées.
Une Asari vole le bracelet contenant les données des Récolteurs, se retrouve dans un sarcophage et éjectée lentement vers une fissure qui s'ouvre dans le vaisseau Récolteur...
Alors même qu'un biotique était à côté, dont on connaît les pouvoirs de stase, de lévitation, plusieurs mois pour empêcher la capsule de finir dans l'espace.
Mais même sans cela, après l'opération un peu douteuse de soin des colons enlevés (l'antidote diffusé par vecteur aérobie alors que les sarcophages semblent tout à fait hermétique) il n'aurait de toute façon pas pu sauver les centaines de colons : le vaisseau dont Véga dispose n'est même pas trois fois plus grand que la navette utilisée par le Normandy ! 

En dépit du fait qu'il y ait une réelle émotion après le choix de Véga, qui a déjà perdu toute son équipe sauf une personne, l'illogisme touchant la fonction même de Paragon Lost gâche l'ensemble.
Reste de bons moments, une mise en scène honnête, néanmoins, au final, si le film est agréable, sa visualisation est assez superfétatoire.